Mezzé et caetera
Les aspects des choses les plus importantes pour nous sont cachés du fait de leur simplicité.
Rien de plus complexe qu'expliquer la simplicité, c'est pourtant ce que nous avons partagé ce jour là. Pas seulement ce jour-là.
Le dénominateur commun entre ce que nous avons mangé et ce que nous avons vécu : la simplicité. C'est bon, quand les choses sont si agréables qu'elles ne demandent rien de plus que ce qu'elles sont.
Qui osera penser que la simplicité est médiocre, à la portée de tous, commune ?
Elle demande tant de travail, et de spontanéité...
D'abord, il y a l'échauffement...
Déambuler au Marché d'Aligre, boire un thé en se disant de belles choses, tâter les avocats, guêter la burrata, ne pas se laisser happer par la musique des gens qui crient leurs produits "Qui veut mes beaux melons ?", "Deux salades pour le prix d'une !" et regarder le geste méthodique et nonchalant de celle qui tranche la mortadelle, pas la machine, la femme...
Une burrata de folie, quatres figues à point, quelques tomates de compétition et une boîte d'aubergines confites en poche... L'heure est venue d'aligner notre butin.
Place au Mezzé !
Metteuses en cène que nous sommes, nous condamnons nos trésors à prendre place dans l'assiette blanche, les envoyant ainsi à l'abattoir de nos palais.
Ils ne sont pas 13 mais 9, ils n'y a ni dieu ni judas, seulement des petites merveilles de simplicité, de goût aussi qu'aucune préparation ne révèle mieux que leur état naturel.
Quel beau prétexte que le Mezzé, quel majesteux trait d'union entre nous et plus que cela, centre névralgique de cet instant de vie, créant connections, étincelles et ouvertures.
Au plus nos petits trésors s'expriment sur notre cène, au plus ils laissent subrepticement une place.
La place pour autre chose. Pour les mots de l'important, pour ses silences aussi.
La place que l'on choisit de donner à l'autre. Pour la rencontre, la relation.
Et celle qui nous échappe, se dessinant magré nous autour de la table comme
génèse d'une convivialité.