Vert Pâques
"Une étoile m'a dit
Deux étoiles m'ont dit
Connais-tu le pays du rêve
(...)
Les joyeux matins et les grands chemins
Où l'on marche à l'aventure
Hiver comme été
Toujours la nature
La route enchantée"
Charles Trenet
La route enchantée
Aux alentours de Pâques j'ai cherché à en dessiner les contours entre mets pascal et digestion lente de souvenirs. Dans un sombre grenier où filtre langoureusement deux trois rayures ensoleillées, je retrouve des œufs, de la peinture, Pompom, un panier en osier, des cloches, de l'agneau.
Chaque année je les laisse revenir comme pour tisser à nouveau le fil d'une mémoire jamais perdue.
Cette fois je les dépose sur le côté, ainsi que les œufs peints et le chocolat. Je pose le commun et l'évident pour continuer le chemin et discerner ce que Pâques me donne à ressentir, sa texture, son unité.
Nous avons fini par nous mettre au diapason mes ressentis, mes souvenirs et moi. Pâques c'est vert !
Le chemin s'est subitement ombragé de jeunes feuilles de marronniers, il s'est dessiné d'herbe tendre et de primevères. Chaque plante, tout arbuste y va de ses bourgeons, l'horizon est un multiple de verts. Tendres, puissants, légers, insouciants.
C'est ainsi qu'au creux de l'assiette ont poussés les verts.
Asperges crues, pistaches, pesto allongé d'huile d'olive, feuilles de bettrave, roquette, mâche, épinards...
Pâques c'est aussi un temps, une pause, un instant placé dans l'éventail des couleurs culinaires.
Déjà je rêve aux couleurs pleines que je croquerai au hasard du calendrier pour coller mon quotidien culinaire au plus près de mes souvenirs succulents.