Les dernières volontés du lapin...
"Emportez-moi sans me briser, dans les baisers,
Dans les poitrines qui se soulèvent et respirent,
Sur les tapis des paumes et leurs sourires,
Dans les corridors des os longs, et des articulations."
Emportez-moi Henri Michaux Poètes en partance
Voilà, elles étaient là les dernières volontés du lapin...
La fourmi avait tout entendu... elle voulait bien faire.
Elle mit du corps à l'ouvrage, délestant le lapin de ses articulations, de ses os longs.
Aussi abstraitement qu'un poème, la fourmi reconstituait le lapin
à coup de giroles, de lardons, d'oignons.
"Entrez, entrez, entrez... tenez-vous là sous la crépine !
Oui, comme ça, collez-vous au lapin...
Encore un peu... parfait, ne bougez plus !"
C'est ainsi que la fourmi rendit grâce au lapin.
On n'eut pas vent de ce lapin aux quatre coins du monde, pourtant il partit à point
salué par une ola de narines...par des papilles en fête...